Dans ces douze essais, rédigés entre 1942 et 1973, Patocka reprend le thème du langage abordé en 1936, dans le Monde naturel comme problème philosophique. Le cadre général de sa réflexion est toujours la phénoménologie du monde de la vie, le propos de vivifier et concrétiser la pensée philosophique conformément au mot d'ordre husserlien d'un <<retour aux choses mêmes>>, mais l'interrogation porte ici plus ponctuellement sur la littérature, figure particulière du langage qui constitue l'<<objet>> ou l'<<affaire>> de l'écrivain, au sens de ce qu'il y a pour lui à faire. Non pas objet théorique donc, mais modalité de la praxis à travers laquelle se réalise l'existence humaine.
Au fil de lectures qui vont d'Homère et Sophocle jusqu'à Tchekhov et Thomas Mann en passant par Comenius, Goethe et le poète romantique tchèque K.H. Macha, le philosophe pose les questions du rapport de l'art au temps, à la vérité, au phénomène et à l'examen de l'âme, s'appliquant surtout à mettre en lumière la fonction d'ouverture et d'ébranlement propre à la saisie du monde qu'il opère.
En filigrane, un double dialogue avec Hegel et Heidegger.
En toile de fond, une attention sans défaillance portée au destin spirituel de l'Europe.
Au bout du chemin, une vision <<polémique>> de l'art comme partie intégrante du combat pour le sens de la vie dans toute l'amplitude de ses dimensions sociale et historique.