Signé en 1598 par Henri IV,
l'édit de Nantes est paradoxalement
plus connu pour sa
révocation, un siècle plus tard.
Exalté depuis comme un chef-d'oeuvre de tolérance,
par opposition à l'intolérance de Louis XIV et de ses
dragons, il a acquis une valeur symbolique qui excède
largement sa portée réelle. Pierre Joxe lui restitue son
véritable sens : compromis nécessaire à l'ordre public,
il fut surtout utile à l'enracinement de la monarchie
absolue.
Mais retracer cette histoire fournit aussi à l'auteur
l'occasion d'une réflexion plus large sur l'organisation
du pluralisme religieux dans la société française.
Dans un dernier chapitre inédit, il revient longuement
sur les problèmes de l'organisation du culte musulman,
depuis le Corif (Conseil de réflexion sur l'islam en
France) dont il prit l'initiative, jusqu'à l'instauration du
Conseil français du culte musulman, parachevée par
Nicolas Sarkozy. À la lumière de ces débats, l'édit de
Nantes prend alors un relief particulier, en devenant
le symbole du respect du pluralisme religieux inhérent
à l'idée de laïcité.