« J'avais éprouvé, comme tant d'autres garçons abusés, une honte inexpiable à avoir subi cette effraction de l'intime. Je n'avais pas su ou pu prendre le dessus, m'imposer, refuser, et j'avais longtemps ressenti cette défaillance non seulement comme un échec mais aussi comme un manquement à moi- même, comme une perte d'identité masculine, dont, en plus, j'étais invinciblement et inexorablement coupable. L'atteinte sexuelle ne se limite pas à un moment de l'existence, elle colore et empoisonne toute une vie. Elle atteint l'estime de soi, la sexualité, la relation d'autorité, la confiance et la foi, bien sûr, qui est une expression de la confiance. Elle s'insinue dans les moindres recoins de la personne à son insu et va jusqu'à profaner la relation à son propre corps. »
Si les abus sexuels sur mineurs visent surtout des jeunes filles, quel peut-être le ressenti masculin d'un tel traumatisme ? Il a fallu beaucoup de courage à Jean-Pierre Rosa pour rompre le silence et raconter celui dont il a été victime au seuil de l'adolescence.
Pourtant, au-delà du traumatisme et au-delà des seules blessures, l'auteur partage le chemin qui lui a permis de les dépasser. Pour revivre enfin.