Le titre du sixième volume de la Correspondance de Pascal Paoli, « L'égalité ne doit pas être un vain mot », est tout à fait lié à la dernière lettre de la collection présentée, qui développe une sorte de manifeste du Paolisme, une lettre exceptionnelle déjà évoquée par le grand historien italien Franco Venturi dont le beau texte inédit en France de 1938, « Le fascisme contre Paoli », est placé en introduction. Une façon de rappeler avec le non moins remarquable texte de Giovanni Busino qui raccompagne, « La Corse dans l'historiographie italienne contemporaine », ce que le projet de publication de la correspondance de Paoli lui doit.
La Corse de 1763-1764 quitte le « Temps des espérances » évoqué dans le volume précédent. Paoli a désormais en tête de donner une nouvelle constitution à son État, alors même que les ombres de la guerre avec Gênes s'estompent. Mais à peine un danger a t-il disparu qu'un nouveau se profile qui prend la forme d'une nouvelle intervention des troupes françaises, qui vient troubler les projets du Général. Plusieurs lettres évoquent aussi un événement qui aurait pu sans doute changer les choses : l'affaire Masseria d'octobre 1763. À travers un recueil au contenu très renouvelé, puisqu'une lettre sur deux en moyenne est un inédit, c'est tout le gouvernement paoliste qui transparaît à travers l'action de son chef. Un chef qui paraît en perpétuel mouvement, traversant l'île d'un bout à l'autre, visitant les différentes régions, construisant inlassablement son État tout en continuant à suivre souvent des affaires qui nous paraissent insignifiantes.
L'homme privé apparaît peu, sous la forme souvent de détails sur ses problèmes de santé ou pour plaisanter un ami. Aussi, formidable apparaîtra au lecteur cette lettre où il évoque avec son ami Don Gregorio Salvini, en plein au milieu des événements politiques auxquels il est confronté, ses lectures passées et présentes, le Spectator, le Matino de Parini ou les Églogues de Théocrite dans la traduction de Fontenelle !