L'église de corse en révolutions (XVIIe-XVIIIe siècles)
Les XVIIe et XVIIIe siècles européens, qui virent l'éclosion des Lumières, sont aussi ceux des tempêtes révolutionnaires. Balloté par les vagues incessantes des chambardements intellectuels, philosophiques et scientifiques, le Vieux Continent affronte une remise en question de ses fondements politiques ou sociaux les mieux ancrés, ébranlant jusqu'à ses modes de vies les plus anciens. La religion n'échappe pas à la règle du moment : la théologie est réinterrogée, le clergé se questionne, se repositionne en fonction des vicissitudes politiques, et les fidèles demandent des comptes. La Corse, premier épicentre des révolutions européennes, est l'un de ces lieux privilégiés où l'on peut observer sur un temps très long comment la religion, ses clercs et ses fidèles répondent aux grands bouleversements politico-religieux de l'époque (impact de la Réforme catholique depuis le concile de Trente, Cunsulta d'Orezza, question du Gallicanisme, constitution civile du clergé sous la Révolution, etc.). Parce que « le prêtre est, avec le moine, le personnage central des campagnes corses », l'analyse de leurs paroles et de leurs actes, dans et hors les lieux sacrés, est le meilleur outil pour mesurer l'évolution de la société au regard des remises en question - et des résistances qu'elles suscitent. Pour les mêmes raisons, l'étude de la religiosité dans une île qui « baigne dans un besoin de sacré », nécessitait-elle de « descendre au niveau de la paroisse ». La présente recherche conduit ainsi le lecteur au coeur même de la société insulaire révélée par les archives. Tandis que l'analyse minutieuse développée par l'historien met en évidence toute la puissance de l'Église de Corse faisant face aux bourrasques révolutionnaires.