L'enfermement ou l'humanité sous cocon
Nous sommes devenus chrysalides. Or l'enfermement du corps et du visage comporte une dimension symbolique primitive de premier ordre : cette mise au tombeau se présente en effet comme la résurgence d'un rite archaïque d'une grande puissance présidant à la naissance d'une cité nouvelle et à la purification de ses habitants. Pour naître à nouveau, un fantasme primitif suggère en effet qu'il faille retourner dans le sein de sa mère. Toutes les mises en scènes de séduction publicitaire ne sont que les déclinaisons à l'infini du fantasme de retour dans le ventre maternel. Cette régression n'est toutefois possible qu'à l'occasion d'un choc traumatique, tel l'irruption d'une épidémie. Or ce danger n'est pas perçu de la même manière par les élites et les masses. Lors de l'épidémie de choléra en 1832, les gens des classes supérieures s'alarmèrent les premiers : tout ce qui avait plus de deux cent mille livres de rente eut un effroi épouvantable. Quant au peuple, il buvait à la santé du choléra, le prétendait inventé par le gouvernement afin de détourner les regards de la politique et placardait en lettres rouges : on empoisonne dans les hôpitaux. Pour éclairer la crise actuelle la chaire de géopolitique de Rennes School of Business a fait entrer en conversation la psychologie et l'histoire.