L'enthymème dans le nom de la rose d'Umberto Eco
Cet essai pose des bases en vue d'un approfondissement des phénomènes cognitifs inférentiels dans le discours de fiction. Il y est notamment question de sonder la démarche discursive naturelle permettant d'accéder à la construction du sens implicite. Les détectives des plus célèbres polars de l'histoire de la littérature ont trouvé la clé d'énigmes apparemment insolubles grâce à une opération mentale qui se fonde sur un double processus : d'une part, celui de l'induction et, de l'autre, celui de la déduction. Si le polar implique la présence d'au moins une énigme, le raisonnement censé l'analyser doit savoir expliquer cette dimension implicite. En d'autres termes, il doit être à la fois empirique et probable. Or l'enthymème, syllogisme de la rhétorique, entendu non seulement comme une structure logique, mais aussi comme un processus cognitif, présente ces deux qualités. Suivant l'exemple de Sherlock Holmes et de Hercule Poirot, Frère Guillaume de Baskerville, le détective de Le Nom de la rose, fera usage de cette puissante opération cognitive qu'est l'enthymème pour essayer de dévoiler le mystère qui plane sur une abbaye bénédictine du nord de l'Italie au début du XIVe siècle.