Jusqu'en 1936, l'oeuvre de Robert Brasillach avait été essentiellement littéraire. Or, 1936 est une année noire pour le courant politique incarné par des publications comme L'Action française ou Je suis partout : en Espagne et en France, des Fronts populaires, dominés sur le plan militant par un parti communiste en pleine ascension s'appuyant sur les moyens du Komintern, avaient gagné les élections. La France connaissait grèves, occupations d'usines et désordres, tandis que l'Espagne était ravagée par des émeutes, des attentats et des assassinats politiques.
Cette année-là, l'évolution politique de la Belgique constitue l'un des rares motifs de satisfaction pour les intellectuels des mouvements fascistes : le tout jeune parti rexiste du militant catholique Léon Degrelle a remporté 21 sièges de députés à la surprise générale. Brasillach se rend donc en Belgique et rencontre Degrelle, dans le cadre d'un voyage collectif de journalistes. Il l'interviewe, « c'est-à-dire qu'il assista à un de ces monologues torrentiels et pittoresques que Degrelle appelle bizarrement une conversation » (Maurice Bardèche).
Brasillach publie la « conversation » dans Je suis partout, puis, à la demande d'Henri Massis, il étoffe son texte et donne un article plus important, sur le rexisme, dans La Revue universelle. Il se rend à nouveau en Belgique, et accompagne Degrelle sur le terrain. Ces deux articles, reproduits dans notre édition, et son second voyage vont former la base du petit livre qu'il publie à la toute fin de l'année 1936 : Léon Degrelle et l'avenir de « Rex ».