Les yeux de l'homme ont été faits à la ressemblance du firmament. En effet, la
pupille de l'oeil offre une ressemblance avec le soleil ; la couleur noire ou grise qui
est autour de la pupille offre une ressemblance avec la lune, et le blanc qui est à
l'extérieur, avec les nuages. L'oeil est fait de feu et d'eau. C'est le feu qui lui
donne consistance et force pour exister ; l'eau lui donne la faculté de voir. Si le
sang se trouve en excès sur l'oeil de l'homme, il empêche cet oeil de voir, car il
assèche l'eau qui permet la vision ; et si le sang se trouve là en trop petite
quantité, l'eau qui aurait dû donner à l'homme le pouvoir de voir n'a plus cette
faculté, car ce qui devrait apporter un soutien au sang, comme un pilier, lui fait
alors défaut. C'est pourquoi, chez les vieillards, la vue s'obscurcit, car le feu les
quitte et l'eau mêlée au sang diminue en eux. Les jeunes gens voient plus clair
que les vieillards, parce que leurs veines ont encore un mélange équilibré de sang
et d'eau, car le feu et l'eau n'ont pas encore diminué en eux la chaleur et le froid
de façon excessive.
Il n'y a pas de maladies, rappelle avec force Hildegarde, mais des
hommes malades, et ces hommes sont intégrés dans un univers qui,
de même qu'il participe à leur malheur, doit aussi prendre sa part
dans la guérison ; ils doivent être soignés dans leur totalité, corps et
âme, et, même si la nature peut et doit venir à leur aide, c'est bien
souvent dans leur propre sagesse, leur modération, leur maîtrise
d'eux-mêmes, qu'ils trouveront les forces qui soutiendront le
processus de guérison.