On sait que la Troisième République a assuré renseignement primaire élémentaire pour tous et créé l'enseignement secondaire des jeunes filles. On sait moins qu'à partir de 1880 la France s'est progressivement couverte d'écoles primaires supérieures et de cours complémentaires offrant aux filles et aux garçons des études prolongées au-delà du certificat d'études. Ces « collèges du peuple », pour reprendre une expression d'époque, allaient permettre à des enfants issus de milieux modestes d'accéder à des emplois d'encadrement moyen. Le présent ouvrage étudie cette zone obscure dans le passé de l'institution scolaire. Rompant avec l'explication habituelle de la croissance de la scolarisation en termes de « demande sociale », il montre la contribution de l'institution scolaire à son propre développement : ainsi le succès de renseignement primaire supérieur tient à la fois à ses relations organiques avec renseignement primaire élémentaire et à sa souplesse d'adaptation à des populations aux intérêts variés. Autre découverte : à certaines périodes, les collectivités locales ont été des acteurs décisifs du développement de la scolarisation. Une dernière partie examine les relations entre les débats sur « l'école unique », apparus dès 1900, et les évolutions institutionnelles qui ont abouti à l'unification partielle des filières d'enseignement prolongé. La conclusion propose un schéma d'ensemble pour analyser l'école, qui renouvelle les interrogations sur l'école développées par les sciences sociales depuis trente ans.