À la fin des années 30, la maison Zaltzer était devenue un lieu
de villégiature idéal. Les habitués qui s'y retrouvaient chaque été,
célibataires et juifs pour la plupart, venaient là avec un but précis :
jouer aux cartes, boire et faire l'amour.
Cet été-là, Rita est la première arrivée. Elle a hâte que les autres
envahissent de nouveau la pension, pour lui faire oublier l'angoisse
diffuse qui l'étreint.
Mais ils se font attendre. Un orage éclate, le fleuve en crue se
gonfle et déverse sa boue dans la cour de l'auberge. L'inquiétude
monte elle aussi, se glisse dans les âmes, exalte les
conversations.
Le monde vacille, et de ce tohu-bohu émergent quelques images
- une synagogue abandonnée, un bar, un pont sur une rivière.
Et, très loin, comme en rêve, le rivage de la Terre promise.
Proche de Badenheim 1939, avec sa ville d'eaux étrange
et ses signes prémonitoires, ce roman d'Aharon Appelfeld
est de ceux qui annoncent la fin d'un monde, celui
d'une Mitteleuropa encore ignorante du sort qui l'attend.