Les écrivains face à la doxa
La doxa n'est pas une maladie grave. Elle est en quelque sorte constitutive de l'être humain. Chacun de nous en porte le virus, qui ne se déclare pas de la même façon chez tous les individus. Le symptôme essentiel de cette affection chronique est la répétition, ou la répétition aggravée, dite psittacisme. Elle exige un traitement de fond (symptomatique à effet différé) adapté à chacune de ses formes variées.
Il en est de même de la doxa littéraire, qui prend de multiples formes : théoriciste, idolâtre, anti-biographique, doctrinaire - chacune réclamant une médication spécifique.
Dans les cas de crise aiguë, recourir, pour les premiers soins, à quelques pages d'écrivains (parmi lesquels Proust, Péguy, Gracq, Sarraute, Barthes, Gombrowicz...), qu'on aura choisies pour leur pensée libre et inattendue.
Quant aux bons élèves de la doxa littéraire, ils continueront à ânonner en choeur leur catéchisme : répétant la liturgie scolaire, récitant leur bréviaire conceptuel, communiant à l'autel de la grand-messe poétique, détestant la biographie, égrenant leur chapelet de certitudes.