L'évidente présence des sources provenant de l'Ordre des Élus Coëns au
sein du Régime Écossais Rectifié est l'un des points les plus intéressants qui
soient, nous faisant découvrir l'origine véritable du système initiatique fondé
par Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), qui joua un rôle fondamental au sein
de la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle.
Pourtant deux attitudes erronées se rencontrent de manière régulière à
propos de cette question des sources willermoziennes : l'une consistant à considérer
le Régime Écossais Rectifié comme une simple reproduction, bien que
privée de sa partie théurgique, de l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns
de l'Univers, l'autre visant à ne reconnaître aucun lien ni rapport entre le
système de Willermoz et les enseignements dispensés par Martinès de Pasqually.
Il convenait donc de rappeler combien ces deux conceptions sont inexactes,
dans la mesure où le Régime Écossais Rectifié, s'il est aujourd'hui entièrement
redevable aux bases symboliques et théoriques de la doctrine de la Réintégration
- qui échappèrent par miracle à la corruption du temps - a néanmoins «opéré»
une christianisation importante de cette doctrine aboutissant à un Rite
maçonnique original, à la fois dépositaire du trésor spirituel des élus coëns, mais
également libéré de ses méthodes en raison de son insistance sur ce que
signifie, comme radical bouleversement, le passage de l'Ancienne à la Nouvelle
Alliance.
On comprend ainsi, aisément, pourquoi il était utile que soit enfin proposée
une analyse sérieuse sur ce sujet, capable de répondre véritablement aux
diverses réflexions qu'elle fait surgir, nous faisant découvrir qu'il y a bien
un secret partagé entre le Régime Écossais Rectifié et les disciples de Martinès
de Pasqually, puisque l'objectif fixé par Willermoz à son Ordre «est d'atteindre,
à sa manière, le but fixé à l'Ordre des Élus Coëns».