De Scarface et Psychose à Basic Instinct ou Pulp Fiction, le cinéma américain,
diffusé dans l'ensemble du monde, sert de miroir à une violence dont on
entend souvent dire qu'elle n'a pas d'équivalent dans les civilisations européennes.
De fait, de sanglants conflits ont forgé le destin de la première démocratie de
l'ère moderne. La violence jalonne la conquête de l'Ouest, affecte les relations
interraciales et accompagne les crises majeures de la société, comme en
témoignent les lynchages par le Ku Klux Klan, les attentats anarchistes, les
émeutes dans les ghettos et les raids des partisans de la suprématie blanche.
Plus généralement, la civilisation américaine, c'est celle, qui peut nous paraître
étrangère, de la vente libre des armes, de la peine capitale et des syndicats du
crime.
Alors, la violence serait-elle l'irréductible envers du rêve américain ?
C'est à cette question qu'il faut tenter de répondre, car la réalité ne peut se
réduire à des constats sommaires ou à des jugements péremptoires. Ce livre a
donc pour objet de dresser un exact état des lieux, au-delà des métaphores et
des stéréotypes véhiculés par la culture de masse, mais au plus près de la vie
sociale, culturelle et politique des États-Unis.