Dans une nation hantée par la fracture sociale, où le libéralisme se conjugue de plus en plus difficilement avec le modèle historique de l'ascension individuelle à la Rastignac, quelles perspectives offrir aux derniers convives de la démocratie française, les populations d'origine maghrébine, africaine, turque ou chinoise ? Même si elles sont régulièrement mises sous les feux de l'actualité, on ne sait rien de ces familles, ou du moins pas grand-chose : les médias ne nous parlent jamais que du regard que la société porte sur elles. La télévision façonne l'imaginaire, en brouillant le réel par l'éternel retour d'images mythiques : voitures qui brûlent ou centres commerciaux dévastés, clichés des classes dangereuses ou de l'islam conquérant. Et pourtant, ils sont nombreux ceux qui se battent pour obtenir le droit au travail et à la dignité : Les jeunes des Minguettes, aujourd'hui, ils militent pour leur vie. C'est une nouvelle génération avec d'autres objectifs. On milite dans notre quartier, on n'essaie pas de faire des rassemblements et des marches. La citoyenneté, c'est d'abord pouvoir se regarder dans la glace, faire vivre sa famille, payer son loyer. C'est le contraire de l'aide sociale. Pour être citoyen, revendiquer ses droits, il faut sortir d'une mentalité de guetteur et d'assisté. Par les portraits qu'il esquisse, les destins qu'il retrace et les témoignages qu'il rapporte, Ahmed Boubeker, anthropologue et journaliste, laisse entendre la parole de chair et de sang de ces familles qui, chaque jour, inventent l'intégration au quotidien. Pour cela, il s'appuie, en particulier, sur les études du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles.

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