Les fêtes en Amérique coloniale
Cahiers d'histoire de l'Amérique coloniale n° 8
Tout grand événement est l'occasion de festivités auxquelles les habitants des Indes, comme ceux des autres mondes, n'hésitent pas à participer. Certes, il s'agit souvent de fêtes religieuses, qui occupent une place particulièrement importante. Mais il existe aussi des fêtes liées à des événements importants (célébration de victoires et de paix, naissances et mariages royaux, funérailles...). Les grandes fêtes publiques, généralement organisées par les municipalités elles-mêmes, répondent souvent au besoin d'amusements collectifs, de défoulement. Elles sont aussi la marque d'une union avec une monarchie lointaine. Avec la colonisation et l'arrivée de plus en plus nombreuse d'hommes issus d'une Europe profondément chrétienne, les fêtes prennent une forme semblable à celle que l'on connaît en Europe avec cependant des nuances induites par la participation, aux côtés des Espagnols, non seulement du monde indigène, mais aussi du monde créole. Mais les anciens rituels du Nouveau Monde ne disparaissent pas, pour autant, brutalement.
Décrites non seulement à travers les exemples pris au Mexique et au Pérou aux XVIe et XVIIe siècles mais aussi dans les images européennes, les fêtes font l'objet de diverses études dans ce volume : fête des Morts avant et après la conquête du Mexique, fête du Corpus Christi en milieu indigène, chants et danses traditionnels, images de fêtes indiennes dans les récits de voyage, fêtes civiles ou religieuses en relation avec l'apparition de l'identité créole, des festivités données à Mexico en 1538.
Dans une seconde partie, cet ouvrage fait le point sur des questions récentes : le rôle des femmes dans la conquête du Nouveau Monde, l'importance du problème de la mort en Nouvelle-Espagne, l'essor du port d'Acapulco, l'évolution du vocabulaire juridique dans le monde lusophone, la vie quotidienne des colons européens et des populations serviles dans les Petites Antilles françaises à travers les derniers résultats archéologiques, et deux analyses sur le travail du fondateur du musée d'ethnographie du Trocadéro, E.-T. Hamy.
Cet ouvrage se veut aussi un hommage au grand historien, philosophe et anthropologue mexicain, Miguel León-Portilla (1926-2019), spécialiste de l'histoire, de la pensée et de la littérature náhuatl, surtout connu pour son livre La vision de los vencidos, où il livra la vision indigène de la conquête espagnole.