L'étude de Sobhi Habchi, selon Pierre Brunel dans sa préface, «a des
ailes, comme le requiert la poésie, comme l'exige l'étonnante aventure qu'il
nous fait revivre. Car une fois encore, il fallait partir à la recherche du Génie,
de `Abqar, et de ce dont l'auteur du présent livre est le porte-parole et le
porte-voix : la poésie de l'être dans sa plénitude».
C'est le panorama d'un siècle de création poétique qui est ici
proposé, le XXe siècle des poètes de langue arabe du Liban et de la diaspora
libanaise en Amérique du Nord et du Sud, à New York et à São Paulo. Le
public français peut désormais découvrir une riche pléiade de noms qui ne
lui sont guère familiers, à l'exception sans doute de Gibran, l'auteur du livre
The Prophet, un «best seller» mondial, et d'Adonis, traduit et édité en
France.
À partir d'un corpus qui comprend une trentaine de recueils, parmi
les plus significatifs, l'analyse intègre l'étude de la réflexion critique de ces
poètes (conférences, revues, essais...). Elle met également en relief, dans
une perspective comparatiste, les orientations étrangères et les multiples
lectures des littératures occidentales qui ont donné à ces oeuvres une
profonde originalité et une dimension qu'on peut à bon droit qualifier
d'universelle.
Il fallait abandonner les versificateurs qui remplissent de clichés et
d'expressions usées les moules vides de la prosodie arabe classique pour
entrer dans la modernité, et, par le détour des orientations occidentales,
s'éveiller à la magie des images.
«La poésie est ici, avant tout, l'expression d'un pari sur l'homme»
écrit Daniel-Henri Pageaux dans la postface. Et il conclut : «Peut-être est-ce
pour cela que je lis aussi, dans les pages écrites par Sobhi Habchi, ce que je
ne peux appeler autrement qu'un acte de foi».