Comme tous les autres jours, c'étaient les merles, les premiers, qui
l'avaient réveillé. Il ne leur en voulait pas. Au début, cela le mettait en
rage, surtout qu'il n'était pas encore habitué au climat et que la chaleur
l'empêchait de s'endormir avant deux ou trois heures du matin.
Ils commençaient juste au lever du soleil. Or, ici, en Floride, le soleil se levait
presque d'un seul coup. Il n'y avait pas d'aube. Le ciel était tout de suite doré,
l'air moite, vibrant du caquetage des oiseaux. Il ne savait pas où ils avaient leur
nid. Il ne savait même pas si c'étaient réellement des merles. C'était lui qui
les appelait ainsi, depuis dix ans qu'il se promettait de se renseigner et qu'il
oubliait de le faire. Loïs leur donnait un nom qu'il aurait été incapable d'épeler.
Ils étaient plus grands que des merles du Nord, avec trois ou quatre plumes
de couleur. Il en arrivait deux sur la pelouse, à proximité des fenêtres, qui
engageaient leur bavardage aigu. Eddie ne s'éveillait plus tout à fait, prenait
seulement conscience du lever du jour et ne trouvait pas ça désagréable.