La Renaissance se caractérise par le renouvellement des
représentations géographiques de la Terre, provoqué en grande
partie par les navigations océaniques. Ces voyages sont en effet
accompagnés par un intense effort réflexif, qui conduit les
géographes à mettre en place un nouveau concept de la Terre.
C'est à la formation de ce concept que ce livre est consacré.
À la Renaissance apparaît le concept géographique d'une «Terre
universelle» (Gregor Reisch), c'est-à-dire d'un orbis terrarum qui
n'est plus limité, comme on l'affirmait auparavant, à la zone
tempérée de l'hémisphère Nord, mais se confond virtuellement
avec la totalité du globe terrestre. Cette Terre partout habitable,
sol désormais universel de l'existence humaine, constitue alors
l'objet propre de la géographie.
Quelles ont été les conditions de l'apparition du nouveau
concept géographique de la Terre ? En fonction de quelles
initiatives intellectuelles et graphiques a-t-il été forgé ? Quel a
été l'impact spirituel et moral de cette nouvelle condition de
l'existence humaine ? Le présent essai tente de répondre à ces
questions, en se concentrant sur trois moments majeurs de la
pensée géographique à la Renaissance : la réappropriation des
méthodes cartographiques ptoléméennes, le développement de
la cosmographie descriptive chez Sebastian Münster, et la
méditation géographique d'Abraham Ortelius.