L'altitude impondérable
Visage inassouvi, délavé d'arcs-en-ciel,
vers le ciel inclément tu tends ta face blême. -
Voudrais-tu la verrouiller, l'altitude impondérable ?
Délivre le cristal ta lèvre ensanglantée
d'où pendent les lambeaux obscurs de ton langage !
Et le dernier prodige, et l'oiseau scintillant
tout comme les noctuelles vénéneuses, veillent
sous la hache de l'astre aux pavots calcinés...
Tu es à genoux, dans la cendre, dans l'ici,
qui grince comme un cri malhabile à la vie.
Quelle voie te frayes-tu, conquérant d'abîmes
et d'ailleurs safranés affligés de désastres
où tes soleils rougeoient à la fleur des ténèbres ?
Car tes gestes d'amour, apeurés en flagrant
délit d'une légende établie contre toi,
ne savent arracher assez ton coeur saignant !
Jean Hourlier - selon le mot de François Folscheid - est un poète solaire et saturnien, qui tente, dans une langue maîtrisée, de dire les immaîtrisables fatalités de l'existence.
L'Inconscient propose, l'Art conscient dispose. Dans Les grands germes ventriloques, les intuitions psychiques, qui viennent du tréfonds s'imposer avec force, sont mises en forme consciemment, patiemment, minutieusement : unissant Vérité et Art, ce recueil espère avoir capté le lyrisme tragique d'une poésie viscérale sublimée.