«Je pourrais découvrir comment il y a, dans les plus délicats rapports
entre les hommes, une continuelle pratique de fascisme, où celui qui
impose croit seulement aimer et celui qui subit croit, en subissant, faire
tout juste le minimum, pour ne pas offenser. Je pourrais peut-être montrer
comment il y a, dans cela, la plus subtile, mais aussi la plus cruelle, des
tyrannies, et la plus inextricable des servitudes ; lesquelles, toutes les
deux, tant qu'on les admettra, pousseront à admettre toutes les autres
tyrannies et toutes les autres servitudes des hommes pris séparément,
des classes et des peuples entre eux.»
Uomini e no, le titre italien de ce roman, signifie que nous, les hommes,
pouvons aussi être des «non-hommes». Il vise à rappeler qu'il y a, en
l'homme, de nombreuses possibilités inhumaines. Récit de résistance
où les communistes s'opposent aux nazis et aux fascistes, Les hommes
et les autres est à la fois un roman engagé et un texte expérimental et
poétique. Il pose la question de l'humaine inhumanité et de la barbarie,
mais aussi et surtout celle, incertaine, de l'engagement littéraire.