Il faut faire courir les idées comme les lièvres : non pour les saisir, mais pour les voir courir. Et sans trop les suivre - poursuivre -, ni les achever.
Il ne faut jamais rien faire comme avant mais tout comme après.
Le roman naît de la désillusion. La poésie, du désespoir.
L'ignorance s'apprend. L'innocence s'oublie.
Faut-il lire Marx en commençant par le début ? En commençant par Hegel ? Et Hegel en commençant par Saint Thomas ? Et saint Thomas en commençant par Aristote ? Et... ?
Un écrivain n'écrit pas pour tranquilliser sa conscience et encore moins celle des autres. Si l'on applique avec exactitude la phrase de Léon Bloy (« celui qui a la conscience tranquille est une canaille »), nous dirions qu'un livre tranquillisant est une canaillerie.
« Plus l'on regarde et moins l'on voit. » Parce qu'on ne voit pas ce qu'on regarde ou parce qu'on n'en croit rien ?
Grâce à l'intégralité de ces suites aphoristiques (1935-1983), inédites en français, nous pénétrons au coeur d'une des pensées les plus aiguisées du XXe siècle.