Les Illuminés et le Prieuré de Sion
Da Vinci Code, c'est le phénomène éditorial de ce début de siècle. La raison n'en est pas seulement littéraire. L'auteur continue ici et là, non sans ambiguïté, à afficher des prétentions à la vérité historique, nonobstant les démentis des universitaires. Pourquoi ?
Massimo Introvigne passe en revue les masques et costumes qui animent le train fantôme de Dan Brown. Faisant défiler une savoureuse galerie littéraire d'Illuminés de Bavière et d'ailleurs, de Cagoulards, de porte-capes du Prieuré de Sion, d'agents des X-Files, d'extraterrestres, de prélats de préférence catholiques et de membres passés ou présents de l'establishment yankee... De quoi combler la vaste fratrie des conspirationnistes auxquels le dédale de l'internet a ouvert des voies d'exploration inespérées.
Loin d'avoir renouvelé le genre, le « macrocomplot » de Dan Brown tient en un jeu d'ombres vieux comme le monde. Des phénomènes historiques marginaux sinon farfelus y deviennent des spectres monstrueux sur l'écran de notre crédulité. - Rien de neuf donc ? Tout de même, si. La nouveauté, c'est le succès sans précédent de cet ésotérisme forain. Après l'histoire romancée, voici venu le temps de la romance historicisée !
Sans sabir académique, Massimo Introvigne présente ici des perspectives inédites. Ce n'est pas l'évasion littéraire que la littérature ésotériste offre à un public assoiffé de « nouvelles croyances », souligne-t-il, c'est avant tout une explication de l'histoire. Et de montrer comment le Grand Complot échafaudé pour fixer l'attention des masses peut recouvrir des campagnes psychologiques ciblées et très concrètes...