Les instants les éclairs
« Ils trouent la mémoire, ils révèlent, se vantent. Disent que par eux la vie vaut d'être vécue, même s'ils sont infimes, insignifiants, ou paraissant tels. On ne peut en réalité les juger à la mesure des autres moments ou aspects d'existence. En tout cas, c'est à eux qu'il faut revenir. C'est pour eux, peut-être, qu'a un sens le " il faut ". Tout d'abord s'adresser aux premiers, ceux de l'enfance. C'est d'elle qu'arrivent les images suspendues, détachées, lumineuses, celles qui font saisir la logique de la foudre. Il faut et il suffit, peut-être, que l'image soit détachée, séparée par son propre choix des autres images, et du flux qui les portait.
J'ai cinq ans. Je vois une bicyclette avancer dans une rue vide, en bas d'une terrasse blanche. Un arbre, un marronnier, sans doute. Je regarde de toutes mes forces celui qui vient sur la bicyclette. »