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Hervé Prudon est l'auteur d'une dizaine de romans, notamment dans la collection Série Noire chez Gallimard. Il a publié chez Grasset Les hommes s'en vont (1998) et Venise attendra (2000), coécrit avec Sylvie Péju.
Peut-on s'imaginer la vie d'un homme qui aurait décidé de ne servir à rien, de passer son temps à être inutile ? Benoît Ponque a disparu, et le héros-narrateur est chargé par sa famille de le retrouver. Mais comment faire, et où aller ? Le héros s'engage dans une véritable enquête et va croiser toutes sortes de « zéros excentriques » : une artiste pondeuse d'oeufs, une mère-enfant collectionneuse d'objets obsolètes, des voisins délurés, un amour comme une promesse, des vrais cadavres et un faux fantôme. Car il y a aussi tous ceux qui refusent le « cynisme du vide », les garants d'une société-machine, qui ont peur des inutiles, qui s'acharnent à les utiliser, les répertorier pour les réinsérer. C'est peine perdue, car « un inutile ne sert à rien. Or on ne remplace pas ce qui ne sert à rien. Donc un inutile est irremplaçable ». L'écriture de Prudon est une recherche du sens caché des mots. Nous retrouvons ici l'humour et la dérision propres à cet auteur, sa gloutonnerie des mots, l'alchimie des expressions revisitées : toute la jouissance du langage mise au service du désespoir. Avec Les Inutiles, Hervé Prudon embarque le lecteur vers une odyssée urbaine, dans laquelle l'égarement est une ivresse. Un livre de l'étrangeté, qui oscille entre l'absurde et la révolte sociale.