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Onfray suggérant de bombarder Cuba ; Badiou nageant en pleine
eurolâtrie bruxelloise ; Lordon promu porte-parole du mouvement Nuit Debout mais annonçant d'emblée que toutes les révolutions « sont belles parce qu'elles échouent » ; Michéa ne voyant dans l'anti-fascisme qu'un alibi « stalinien » ; Rancière se déclarant déçu dans ses doux
« espoirs nés de l'effondrement de l'empire soviétique » pour mieux affirmer,
blasé, que « la prise de pouvoir, nul ne sait aujourd'hui ce que ça veut dire » ;
Todd qualifiant le communisme de pathologie pour mieux vanter les mérites
dudit « hollandisme révolutionnaire »...
Le vieux rêve de la réaction, exclure les communistes de la communauté
nationale (« communiste, pas français »), prend ici l'apparence de la bonne
conscience « progressiste », ingénue. Mais si certains n'ont trouvé d'autre
solution que de refaire le congrès de Tours à l'envers et de revenir au temps
du grand Jaurès, ce n'est pas pour s'inspirer de son courageux combat
pour la paix ; c'est pour mieux conjurer toute une époque : Octobre-17 et
Stalingrad, la Résistance et le programme du CNR, l'antifascisme et l'anti-
colonialisme insufflés par le Komintern, et mieux se plonger ainsi la tête dans
le sable. Pourront-ils encore longtemps « fuir l'histoire » ?
Rédigés sur une dizaine d'années, ces articles pianotent sur la gamme
qui va de la polémique acerbe à la controverse argumentée, sans exclure
parfois l'« exercice d'admiration » (Clouscard, Lukács et d'autres). Ils offrent
un point de vue privilégié sur les débats qui agitent la gauche actuelle.
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