Les laïcités européennes
au miroir du cas britannique
XVIe-XXIe siècle
La laïcité n'est pas réductible à son modèle français. Désormais les sociétés européennes sont toutes, ou presque, des sociétés laïques. La longue histoire de leur autonomisation à l'égard de leur dépendance religieuse est maintenant achevée. Elles savent que la cité humaine, sa loi et ses règles sociales, sont à élaborer sans aucune référence à un fondement extra-humain. En témoignent d'évidence aujourd'hui leurs volontés convergentes de concevoir les rapports de genre, la façon de faire couple et famille, de procréer ou de ne pas, hors de tout garant religieux ou d'un ordre naturel.
Le retour, dans la plupart des sociétés européennes, de la question de la place et du rôle de la religion dans la vie publique - en France, l'émergence d'une nouvelle question de la laïcité - est lié à une affirmation religieuse des populations issues de l'immigration. Il s'agit là d'une histoire complètement inédite qu'il faut délier de celle de la laïcisation et de la sécularisation de ces sociétés. Ainsi est-il indispensable de revenir sur ce que fut cette histoire.
Cet ouvrage veut donner à comprendre tant les lignes décisives de l'histoire commune de l'arrachement à l'univers religieux traditionnel des divers pays européens que la façon dont s'est constituée leur diversité. Dans une perspective comparative, il met l'accent sur le pays dont le parcours apparaît le plus éloigné du parcours français : l'Angleterre, avec son Église établie associée à l'État, partie émergée de la religion civile britannique, religion civile qui aujourd'hui n'est plus.