Les mains gamines étaient très jeunes et malhabiles, inexpérimentées, presque analphabètes, d'autant plus brutales.
Crier ne servait à rien.
Pour supporter, je me disais crier ne sert à rien. Je tenais en me disant plus tard, j'écrirai, et ce sera plus violent encore, plus adroit. Je rentrais en classe, et j'essayais d'apprendre très vite, de tout comprendre, pour aller plus loin, bien plus loin que leurs gestes limités de petits garçons.
J'ai des mains de petite fille, gants taille 5-6, 12 ans. N'empêche, je sais écrire. J'ai des mains qui ont l'air d'être des mains de petite fille, mais ne vous y trompez pas, ce sont des mains d'adulte. Avec elles, j'écris. Je suis allée beaucoup plus loin en moi que cet endroit dont leurs doigts n'ont aucun souvenir.