Les mauvaises routes
Nous sommes en 1933. La France s'enlise dans une terrible crise économique. Dans son sixième étage de la maison Boulenger, vaste cité ouvrière de Choisy-le-Roi, Jacques Fage, son service militaire accompli, rêve de gloire. Coursier d'une importante librairie, membre actif du Cyclo Club de la commune, Jacques sait qu'il n'existe qu'un seul moyen pour lui d'échapper à sa condition, de vivre heureux (c'est-à-dire de posséder beaucoup d'argent) : devenir coureur cycliste professionnel.
Courir pour échapper à son milieu
Adrien Fage, ajusteur dans une fonderie, souhaite ardemment le succès de son fils, mais la belle amitié qui les unissait avant le départ de Jacques pour le régiment s'infecte, dès le soir où Jacques lui annonce sa rencontre avec Claire et Gilbert Montier, les enfants du champion dont il avait, autrefois, fait son idole. La jalousie d'Adrien Fage, le désir de Jacques d'échapper à l'ascendant de son père rendent la vie familiale si difficile que le garçon part vivre avec ses amis, à Vincennes.
Ascension et chute d'un champion
Dès lors, ayant épousé Claire, Jacques suit son destin de coureur et de mari. Les événements de cette époque troublée, où le sport cycliste est à son apogée, le transforment. Sa cupidité et son égoïsme font des progrès. Il renie ses parents, ses amis, son club, se détourne de sa femme et, lorsqu'il aura enfin réalisé son rêve, lorsqu'il sera devenu un champion aimé des foules, il se retrouvera seul, ou presque...
Un roman dont le ton et la nature du regard rappellent Eugène Dabit
Tableau réaliste et sombre de la France des années 30 et premier roman de Pierre Naudin, paru en 1959 chez Gallimard, il fut unanimement salué par la critique à sa sortie. Jean Blanzat dans Le Figaro Littéraire le comparait à Eugène Dabit, pour « le ton, la nature du regard ». L'intérêt des Mauvaises Routes demeure incontestable. Il pourra même paraître au lecteur d'aujourd'hui, par bien des ressemblances avec notre époque, d'une brûlante actualité.