« Pourquoi tenter d'introduire un nouveau concept dans la théorie psychanalytique ? Et s'agit-il vraiment d'un nouveau concept, ou d'une simple notion adossée à un mot du langage courant ? La première raison est clinique. Au fur et à mesure que mon expérience clinique s'enrichissait, j'étais frappé par l'étendue des comportements et des ressentis méfiants. Certains patients paraissent incarner ce symptôme mieux que d'autres, leur vie semblant se « structurer » autour de la méfiance, et la question est alors de savoir pourquoi Louis, Émile et Omar investissent davantage le monde du délire, de l'hallucination et du rêve, tandis que Joëlle, Thomas et Pascale investissent celui des sensations et de l'alimentation. Comment départager la confusion identitaire, la confusion langagière, de la confusion corporelle ? En tant que trait spécifiquement humain, la méfiance est un objet psychanalytique privilégié. »