Paray-le-Monial, qui ne compte guère que quatre
mille habitants, s'est justement acquis, depuis longues
années, un renom d'urbanité et de politesse, que les
étrangers sont unanimes à lui reconnaître lorsqu'ils
viennent passer quelques jours dans ses murs. Bien
que laborieuse et active, cette petite ville n'en garde
pas moins un cachet remarquable d'ordre et de
paix.
Avant le Xe siècle, Paray n'était qu'une toute petite
bourgade isolée, pour laquelle ses paisibles habitants,
la plupart simples cultivateurs, ne revaient point un
brillant avenir. C'est à un couvent de moines que cet
humble village doit son agrandissement en même
temps que son nom. Cette belle vallée, qu'on appelait
alors Val d'Or ou Orval, offrait à ces hommes de travail
et de prière une solitude pleine de charme et de
tranquillité. Un essaim de moines bénédictins vint s'y
fixer vers l'an 970, sous la protection d'un puissant
et généreux seigneur de la contrée, le comte Lambert,
souverain du Charolais. En peu d'années ce monastère
devint florissant sous l'habile direction des saints
religieux dont plusieurs ont laissé un nom vénéré
dans les annales de leur ordre et même dans l'histoire
de l'Église. Autour de cet asile sacré de la prière et du
recueillement se forma peu à peu une agglomération
assez considérable ; et de bonne heure Paray prit ce
cachet de petite ville qui n'a fait que grandir dans la
suite, sous le gouvernement paternel de ses abbés.