Dans la métaphore, on voit ordinairement un usage particulier,
«figuratif», du langage, propre à la poésie et à la rhétorique. Lakoff
et Johnson critiquent ce point de vue ; ils montrent que notre langage
tout entier, dans son usage le plus quotidien et terre à terre, est
traversé par la métaphore. Il y a des aspects fondamentaux de notre
expérience dont nous ne pouvons pas ne pas parler de façon
métaphorique, tout simplement parce que les concepts au moyen
desquels nous appréhendons ces aspects de l'expérience sont d'emblée
métaphoriques.
Il y a métaphore, selon Lakoff et Johnson, lorsque nous appréhendons
quelque chose - un aspect de la réalité - en termes d'autre
chose. L'étude minutieuse de notre langage quotidien révèle que nous
traitons le temps sur le modèle de l'espace, la discussion sur le modèle
de la guerre, etc. Ces métaphores (largement culturelles) ne sont pas
de simples façons de parler : elles sont constitutives de notre pensée,
de notre expérience du monde, et informent ce que nous appelons la
«réalité».