Mercredi le 5 juillet 1916
Ma cher petite
Deux mots pour te dire que je sui toujours en bonne senté pour le moment mai je vat te dire que l'on senva à la fournaisse çe soire on vat probablemen attaquer mai espérons que ça çe pasera pour le bien tous ce que je désire c'est une bel blésure mai malheureusement ons les choisi pa Ma cher petite je t'embrasse ainssi que m'es deux petits enfants que je pense si souvent et mon père
Martineau Romain
Entre 3,5 et 4 millions de lettres par jour ont été adressées aux soldats pendant la Première Guerre mondiale, tandis que de leur côté, les soldats envoient 1,8 million de lettres ou cartes quotidiennes. Les correspondances et les carnets laissés par les Poilus et leurs familles constituent ainsi un gisement inépuisable, particulièrement précieux pour la connaissance du français au début du 20esiècle. Souvent écrits dans des conditions extrêmes, ces textes témoignent de la langue de cette époque dans ses diverses composantes : populaire, argotique, militaire, régionale, familiale.
Sans prétendre à l'exhaustivité, cet inventaire attentif et méthodique nous fait découvrir les mots des Poilus avant qu'ils n'aient « fondu dans une absence épaisse ».