Le présent ouvrage est une lecture du monde oasien et de ses dynamiques, à travers la question de l’eau (mise en valeur, adduction, partage, transaction et conflits), dans le Sahara algérien. C’est dans cette région que subsiste encore le fameux système des foggaras (s’apparentant aux qanâts iraniens) qui, depuis plusieurs siècles, permet aux ksour, ces établissements humains de la région, d’exister. Certains ksour, aujourd’hui encore, ne doivent leur survie qu’à ce mode d’adduction et d’irrigation si originale.
Pierre angulaire de l’économie oasienne, le système des foggaras fonde également la structuration de la société, ses représentations et ses hiérarchisations. Les quelques travaux ayant étudié ce mode d’adduction, ont souvent privilégié le point de vue géographique, hydraulique et plus rarement sociologique. Ici, la perspective se veut résolument anthropologique, interrogeant à la fois la culture matérielle, les dimensions culturelles et l’univers symbolique.
Aujourd'hui, le système des foggaras est de plus en plus chahuté par les nouveaux modes de vie et de consommation. L’urbanisation et la mise en valeurs de nouvelles terres agricoles a fini par désaffecter les palmeraies et entamer la déstructuration de l’ancien ordre social. De nouvelles réorganisations se mettent en place, selon de nouvelles modalités. Ce travail se veut à la fois une sauvegarde patrimoniale et une lecture anthropo-historique d’un présent en pleine mutation.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Abderrahmane Moussaoui a enseigné à l’université d’Oran avant de rejoindre, en 2000, le département d’anthropologie de l’université de Provence qu’il a dirigé de 2005 à 2007. Depuis 2012, il est professeur en anthropologie à l’UFR d’anthropologie de sociologie et de science politique à Lyon 2. Le sacré et la sainteté aussi bien en Islam que dans le catholicisme sont parmi ses thèmes de recherche privilégiés.