C'est par l'étude comparée des ouvres philosophiques et religieuses de deux auteurs médiévaux majeurs, Maître Eckhart, théologien rhénan (XIIIe-XIVe) et Abhinavagupta, philosophe shivaïte du Cachemire (Xe-XIe), qu'est abordé le thème central de cet ouvrage : Les ouvres de vie. Celles-ci désignent l'expression spontanée, au sein de la vie quotidienne comme dans la pratique artistique, de la plus haute réalisation qu'est l'art de l'intériorité conjuguant action et contemplation.
Cette vision du sens de l'existence repose tant pour Eckhart que pour Abhinavagupta sur un aspect original de leur doctrine : à leurs yeux le principe suprême est Lumière animée par un dynamisme vivant, Conscience absolue s'exprimant dans le déploiement cosmique.
Par delà leur mode respectif d'expression, les deux auteurs traitent avec une profondeur et une vigueur communes de cet Art divin : dans la langue imagée d'Eckhart, Dieu "verdoie et fleurit", jaillit comme une fontaine, fulgure et scintille ; pour Abhinavagupta, le principe divin est vibration, élan, danse cosmique, émerveillement de sa propre essence.
Cette recherche accorde également une large place à la conception médiévale de l'Art comme vole de réalisation.