Ajaccio, 15 vendémiaire An VIII.
Cara mamma,
Je t'écris d'Ajaccio à bord de La Muiron qui a ramené d'Égypte le grand général Bonaparte et une partie de son état-major. Ce jour d'hui nous appareillerons pour la France.
Durant mon séjour en Orient j'ai souvent écrit pour donner de mes nouvelles. Mais, je doute que beaucoup de mes lettres aient pu parvenir à destinataire. Le courrier était trop souvent intercepté par l'Anglais qui depuis l'an dernier est maître de notre mer.
[...]
Ici, à notre arrivée, les citoyens d'Ajaccio nous ont réservé un accueil triomphal. Pour moi, cependant, le coeur n'était pas à la fête. J'aurais tant voulu descendre jusqu'à Bonifacio pour me jeter dans tes bras. Mais une affaire importante à régler me retenait céans. C'est maintenant chose faite. Si notre deuil est loin d'être terminé, depuis cette nuit, celui d'une famille ajaccienne est neuf.
Je t'embrasse,
ton fils affectionné.
Saveriu.