1871-1890 : les syndicats ne structurent pas encore la revendication des salariés. Flamboyante, surprenante, dramatique aussi, la grève est l’expression fondamentale d’une classe ouvrière qui passe à cette époque du monde de l’atelier à celui de l’usine. En mobilisant et en exploitant des sources multiples, on s’est efforcé de reconstituer l’histoire des grèves dans la France de la IIIe République, et sans négliger aucune dimension du phénomène. L’évolution et le rythme des grèves, leur développement et leur fluctuation, l’ensemble des composantes d’une grève (les types de revendications, la sociologie de l’engagement ouvrier) font la matière du premier livre. Le « cours d’une grève » - comment elle commence, comment elle dure, comment elle se finit - occupe le second, avec une attention particulière à la diversité des formes d’action, au rôle respectif des organisations et des hommes - qui sont les « meneurs » ? - et à la vie collective des grévistes, à leurs gestes, à leur parole. Cet ouvrage tente d’allier la rigueur d’une approche quantitative d’un fait social aux suggestions d’une littérature foisonnante, et d’aider ainsi à la connaissance d’un monde ouvrier extrêmement mouvant, en quête de lui-même. De la Commune aux premières ébauches de grève générale, le parcours pionnier qu’il nous propose est devenu une pièce maîtresse pour la constitution d’une sociologie historique des conflits du travail.