Les passions, objet de tant de réflexions de l'Antiquité, à l'époque classique, ont été passablement délaissées par la modernité mais connaissent aujourd'hui un regain d'intérêt très vif, tant de la part de la philosophie que des sciences. Il s'agit ici de mêler les analyses classiques et les études les plus récentes pour une compréhension approfondie de cette dimension capitale de l'homme qu'est l'affectivité.
Analyse de la notion
Cette étude considère l'histoire du mot et de ses usages ainsi que celle de ses termes satellites, distingue entre quatre grandes régions de l'affect (émotions, sentiments, passions, tonalités affectives), et s'interroge sur la catégorisation et l'ordonnancement en système de ces états affectifs complexes et mouvants. Elle traite ensuite de la nature des passions, des parts respectives du corps et du jugement, du rôle de la culture et de la question très disputée de leur rationalité. Elle envisage enfin le rapport des passions et de la morale et les liens complexes qui unissent les passions aux vices et aux vertus.
Étude de textes
Sont commentés quatre textes phares qui jalonnent l'histoire du traitement philosophique du sujet : un passage des Tusculanes de Cicéron qui, sur fond de la théorie stoïcienne des passions, envisage les moyens de les éradiquer ; un extrait des Questions disputées sur la vérité de saint Thomas où se précise la conception de la nature des passions comme mouvement de l'âme sensitive, qui fera autorité jusqu'à la fin du XVIIe siècle ; un article du Traité des passions de Descartes qui pose la question des parts respectives de l'âme et du corps dans les passions ; un texte de Hume extrait du Traité de la nature humaine dans lequel est abordée la question de leur rationalité.
Carole TALON-HUGON est maître de conférences en philosophie à l'université de Nice-Sophia Antipolis.