Les Pays immobiles est un roman inclassable
- «une réponse, écrit Bayon, à la question
"Tu écris ?" qu'on me pose.»
Or la réponse est un entrelacs énigmatique
de romans «inexprimables», combinatoire
d'aventures, figures, passions et compassions,
farces, décors, peurs et pages, qui font un
grand livre voué à l'écriture autant qu'à la vie.
Impossible de résumer les lieux où file la
narration : le Nil brûlé ; le Finistère l'hiver ;
Montmartre la nuit ; l'Afrique noire où l'auteur
et son frère martyrisent un «enfant-bouddha»
; l'au-delà.
Car les Pays immobiles communiquent
avec les esprits : Michel l'ange mourant pour
qui Bayon sera «mangeur de péchés», ou
Thierry-Noël le Peter Pan togolais.
A chaque page la même violence, une
langue lyrique et nette. Notre héros a aimé,
beaucoup, pays et «fées». Certaines sont
nommées, d'autres sont des fantômes, certaines
enfin sont au bord du secret : compagne
trompée dans la pièce à côté, dame d'ivoire
post-colonial...
Immobile et cruel, comme le jeune
homme qui accroche une «nature morte»
au-dessus de son lit de plaisir, ce livre nous
emprisonne, nous libère, et par son écriture
hantée ne parle que d'écriture.