Le XVIIe siècle français se démarque au sein de la chrétienté occidentale: une minorité religieuse, la Réforme, est reconnue par l'édit de Nantes. Signé par Henri IV en 1598, ce texte instaurait une légitimité protestante, en offrant des garanties individuelles et une liberté de conscience relative. A-t-il pour autant profité à la communauté reformée? Ce travail se propose d'analyser la vie quotidienne des huguenots, leur religion, leurs réseaux de parenté et de repérer les critères d'une appartenance confessionnelle en Provence.
Cette province du royaume, peu marquée par la Réforme, avait toutefois l'avantage de présenter des Églises très diversifiées, dont beaucoup étaient issues du valdéisme. Plusieurs aspects, à partir d'un échantillon de la population huguenote, sont abordés. Le premier, quantitatif, reste très délicat à traiter pour cette période «astatistique» qu'est l'Ancien Régime. Le second concerne la participation sociale des protestants. Le critère religieux est également considéré selon deux axes: une étude des Églises, en tant qu'organe de gestion de la communauté, et une analyse des fidèles et de leurs pratiques. Enfin l'aspect politique est envisagé, par une approche juridico-administrative de la question protestante. Ce qui conduit à saisir l'action du milieu catholique, clerc et laïc, pour contrer ceux toujours désignés comme «hérétiques».
Ce questionnement pluriel a pour base une confrontation de différents fonds d'archives et une comparaison avec les recherches menées sur d'autres provinces. Les réponses traduisent une vision plus nuancée de l'impact de l'Édit en Provence, et dégagent des grilles d'explication des comportements au sein de la communauté d'appartenance et entre les deux confessions chrétiennes.