Parti de Paris en octobre 1822, avec le projet de visiter les deux grandes enceintes de montagnes qui bordent notre France, je m'étais promis de recueillir des notes sur les pays que j'allais parcourir. Quelque grand que soit le spectacle des Alpes, quelque touchante que soit la vue d'un peuple sage, éclairé et réellement libre, j'ai cru devoir garder pour moi les émotions que j'avais éprouvées. Mais transporté bientôt au milieu des Pyrénées, témoin des mouvemens qui ont lieu sur notre frontière, des anxiétés de nos provinces méridionales et des dernières défaites de la régence d'Urgel, j'ai cru pouvoir fournir quelques détails intéressans sur des lieux et des hommes dont on s'occupe aujourd'hui sans les connaître assez.
A. Thiers