Dans cette histoire jumelée des deux révolutions, Georges Gusdorf,
insensible aux mythes, aux tabous et aux lavages de cerveau,
montre qu'il est inepte d'apparenter les événements survenus
à quelques années de distance des deux côtés de l'Océan.
Les Américains n'ont pas cherché à exterminer les opposants.
Les pères fondateurs des États-Unis parvinrent à assurer
les équilibres de la nation qu'ils créaient. En fait, ce fut une
évolution et non une révolution. D'abord bien disposés envers
la Révolution française, les Américains furent consternés puis
scandalisés par son dérapage meurtrier, par son sectarisme qui
l'a conduite à vouloir abolir l'histoire, le patrimoine et les coutumes
du pays, par sa course à l'abîme. La Révolution française
leur apparut comme une transe collective incompréhensible
et menaçante. Les inspirateurs de la démocratie américaine
virent alors en leurs anciens alliés français des ennemis potentiels.
Cette histoire comparée des deux grands événements fondateurs
de l'histoire contemporaine est un grand coup de pied
dans les clichés falsificateurs... et suscite une réflexion utile sur
le sens et l'essence de la démocratie.