D'Adel Abdessemed, dont la langue n'est que forme pure, Hélène Cixous est depuis plusieurs années la voix, le porte-voix, peut-être la pythie. Elle parvient à approcher, comme personne jusqu'alors, l'oeuvre de l'artiste, dont elle donne le ton et le timbre, dont elle met au jour la pulsion souveraine, inentamée et, partant, innocente.
L'artiste ne saurait être violent ou transgressif : il ne fait que présenter, que représenter la violence à l'oeuvre dans le monde, sans jugement moral. Ainsi est le monde, ainsi sont les bêtes, Ecce Homo, nous disent Adel Abdessemed et, à sa suite, Hélène Cixous. Faibles, oubliés, migrants, balayeurs, animaux que l'on abat ou que l'on révère seront évoqués par des oeuvres majeures, souvent récentes, de l'artiste franco-algérien. À cet effet, Hélène Cixous a choisi pour accompagner son texte une cinquantaine de dessins à la craie noire et de sculptures monumentales, témoins du talent protéiforme de l'un des artistes les plus importants du siècle.