Les savants fous
Au-delà de l'Allemagne nazie
Dans un passé récent - mais sans doute les « ressorts » d'autrefois sont-ils les mêmes aujourd'hui - lorsque Hitler avalise ou encourage les entreprises criminelles de Himmler (conduit à s'entourer de scientifiques aptes à réaliser ses projets), se produit une sorte de libération d'instincts sadiques, meurtriers, ou à tout le moins agressifs et coercitifs. Dès lors tout devient possible. C'est un processus d'infantilisation, de déresponsabilisation qui opère. Mais le pire est que les humains, loin de tirer des leçons de l'Histoire, continuent à fonctionner de façon identique. Si le diagnostic est aisé à établir, les remèdes proposés sont dérisoires (lois, réglementations, déclarations indignées) face aux égoïsmes des individus et des nations, face à la recherche effrénée du pouvoir. Les « savants » n'ont pas toujours mesuré les effets de leurs découvertes et de leurs actes, et c'est à ce niveau que la réflexion éthique - au sens noble du terme et non pas galvaudé comme cela se passe aujourd'hui - est incontournable. Essayer de reconstituer par l'intérieur au lieu de n'en considérer que les dehors ce que fut la « folie » du troisième Reich, débusquer les mécanismes et implications qui le rendirent possible, refuser le retranchement derrière la polarisation sur l'Allemagne et les Allemands afin d'occulter et de refouler ce qui s'est produit et se produit encore ailleurs, tel est l'objet de cet essai qui, loin de dédouaner ou vouloir excuser quoi que ce soit, accuse et nous met face à nos responsabilités.