Les Sept Couleurs sont une des plus belles réussites de Robert Brasillach, une oeuvre de sa maturité littéraire. D'une grande virtuosité technique, elle était en piste pour le prix Goncourt de 1939. Ceux et celles qui n'y ont vu qu'un hymne à la « joie fasciste » sont passés à côté de bien des merveilles. Certes, s'y manifeste l'enthousiasme pour les deux idéologies du siècle dernier (à savoir : le communisme et, surtout, le fascisme, ce « mal du siècle »), mais le lecteur y trouve aussi : la nostalgie de la jeunesse, la fuite inexorable du temps, le charme du Paris d'avant-guerre, l'amour, la délicatesse des sentiments, les amitiés franco-allemandes, l'Europe des années 1920 et 1930, et le rôle du hasard, voire de la prédestination, dans la vie, tous éléments qui sont évoqués dans une belle prose lyrique et enchanteresse.
Les Sept Couleurs représentent une rupture dans l'oeuvre de Robert Brasillach. C'est la fin d'une certaine « esthétique » et un appel d'urgence pour un « changement de route ». Selon Brasillach, l'Europe, France comprise, en crise dans les années 1938-1939, réclamait ce « changement », que ce soit dans le domaine politique, militaire ou culturel. Lorsque l'invasion et l'occupation de la France interviendront en 1940, il sera déjà trop tard. Alors que Les Captifs (1939-1941) resteront inachevés, les deux romans de Robert Brasillach qui suivent - La Conquérante (1943) et Six heures à perdre (1944) - seront incontestablement plus classiques, moins expérimentaux, moins révolutionnaires et moins novateurs.
Dans une certaine mesure, ce roman reste d'une brûlante actualité : l'engagement de la jeunesse dans des causes problématiques ou discutables est de toutes les époques de l'Histoire. Le climat politico-économique des années 1930 ressemble, par certains aspects, à notre époque d'incertitudes idéologiques, sociales, économiques et religieuses. il