Les Serments indiscrets
(La scène est à une maison de campagne.)
Lucile et Damis sont promis l'un à l'autre par leurs pères. Mais la jeune femme, refusant le principe même du mariage, envoie sa servante Lisette convaincre Damis de renoncer à leur union. Celui-ci s'y engage d'autant plus volontiers qu'il partage l'aversion de Lucile pour le mariage et accepte le serment que cette dernière l'invite à faire. De tels serments « indiscrets », ou « imprudents », peuvent-ils se tenir ? Entre amour et amour-propre, les maîtres se débattent sous le regard tour à tour amusé et cruel de leurs machiavéliques serviteurs. Dans cette pièce de 1732, Marivaux explore les méandres et les abîmes de l'amour, décrivant et démontant la mécanique des sentiments.
Damis
« Je me tais, Madame [...], j'ai promis de me taire là-dessus. J'ai de l'amour, ou je n'en ai point ; je n'ai pas juré de n'en point avoir ; mais j'ai juré de ne le point dire en cas que j'en eusse, et d'agir comme s'il n'en était rien. »
Acte II, scène VIII