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A une année du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Maroc, Les Trois Rois retrace l’histoire politique du royaume depuis la fin du Protectorat, histoire qui se confond avec celle des trois derniers représentants de la dynastie alaouite. C’est que, au centre du système marocain, comme le souligne l’anthropologue Abdallah Hammoudi, se trouve « la figure bipolaire du monarque qui, selon les circonstances, peut aussi bien incarner la sainteté qu’être source de violence, et cela sans transition aucune ni contradiction apparente ».
« Père de l’indépendance », Mohammed V, vénéré par ses sujets, a laissé le souvenir d’un saint homme. La réalité, si l’on se fie à ceux qui l’ont bien connu ou aux archives diplomatiques, est beaucoup plus complexe.
Hassan II, au contraire, a longtemps véhiculé une image déplorable. « L’image que j’avais au départ de Hassan II était tellement négative que j’ai confondu l’immoralité et l’inintelligence », note Jean Daniel dont l’opinion a beaucoup évolué en rencontrant régulièrement le monarque. Chez Hassan II, la réalité est donc également plus nuancée. Chez lui, le meilleur - la « Marche verte », les médiations au Proche-Orient, une certaine vision du monde - a côtoyé le pire : un déficit social considérable, la corruption, le bagne de Tazmamart et les multiples atteintes aux droits de l’homme. En fait, Hassan II a surtout conforté l’institution monarchique mais, malheureusement, le progrès social n’a pas accompagné la stabilité politique.
Quant au chef actuel de la dynastie, Mohammed VI, il n’a pas encore été véritablement confronté aux épreuves de la vie. Appelé à ses débuts « roi des pauvres », il a depuis rectifié le tir en affirmant qu’il était le roi de tous les Marocains, « y compris des riches ».
Des entretiens avec quelques-uns des hommes qui ont le plus marqué la vie politique marocaine (les femmes n’y ont fait que tardivement leur entrée) ainsi qu’avec un certain nombre d’hommes politiques et de diplomates étrangers nourrissent abondamment ce travail qui a bénéficié par ailleurs des recherches et des multiples contributions de politologues, d’historiens ou de journalistes, marocains en majorité, mais aussi européens ou américains.
Enfin, la consultation des archives du Quai d’Orsay, hélas limitée dans le temps puisque les dernières trente années ne sont pas encore ouvertes, a permis à l’auteur de mieux mesurer le poids de la France dans les années décisives qui ont suivi l’indépendance.
Une synthèse irremplaçable sur un demi-siècle d’histoire du royaume chérifien, maillon fort de « l’Occident arabe ».