L'Escalade libre en France
Un corps dénudé au sommet des gorges du Verdon, un sandwich et un verre d'eau, l'escalade en solitaire où Patrick Edlinger met sa vie en jeu. Telle est l'image de l'escalade libre qui persiste depuis la consécration médiatique du « grimpeur à mains nues », figure de l'aventurier des années 1980 célébrée par Paris-Match, VSD, Actuel... Vingt ans après, un autre grimpeur, Alain Robert, « l'homme araignée », défraie à nouveau la chronique grâce à ses ascensions en solitaire des plus hauts immeubles. Mais la visibilité médiatique de ces deux grimpeurs masque l'histoire et la sociabilité des « libéristes » qui fait la richesse de cette escalade pour le sociologue.
À la fin des années 1960, en France, l'escalade libre se distingue de l'alpinisme. Depuis le milieu des années 1970, les modalités de pratique de cette escalade libre se diversifient selon des mouvements de codification, de marchandisation et d'institutionnalisation.
Partant de ce constat, cet ouvrage analyse les débats qu'engendrent les emprises institutionnelles et marchandes croissantes sur l'escalade libre. L'auteur décrit pour ce faire l'histoire du libre depuis les années 1960 en mobilisant notamment la notion d'entreprise prophétique de Max Weber, telle que la revisite Pierre Bourdieu. En mettant la « cadre analyse » de Goffman au service d'une analyse en terme de champ l'auteur analyse les interactions au pied des falaises ainsi que la structure d'une communauté de grimpeurs.
Par les concepts sociologiques qu'il met en oeuvre, les discours, articles et photographies qu'il regroupe, cet ouvrage est une contribution originale tant à la sociologie du sport qu'à la conservation de la mémoire de l'escalade libre française.