Analyser l'écriture de l'espace dans la création romanesque d'Afrique francophone après les Indépendances, c'est voir apparaître en filigrane les traumatismes historiques, politiques et sociaux qui ont blessé le continent. Dans ces romans traditionnellement engagés, les représentations spatiales illustrent les dysfonctionnements, les tares d'un monde d'oppression et traduisent les conflits, les déchirements, et souvent le vide intérieur des protagonistes. Mais cette étude, qui souligne l'émergence de nouvelles formes narratives, notamment polyphoniques, montre aussi toute la richesse de la spatialité dans le roman africain : elle met en lumière une nouvelle maîtrise du descriptif, interroge la poétique des éléments et les constellations imaginaires à l'œuvre chez certains auteurs, tout en respectant la diversité des écritures singulières. Elle prouve enfin que le romancier d'aujourd'hui peut se réapproprier pleinement par l'écriture cet espace africain longtemps confisqué par l'expérience coloniale et en faire, au-delà de l'objet politique, un véritable objet poétique.