Issu des cours de «psychologie sociale» donnés par George
Herbert Mead (1863-1931) à l'Université de Chicago en 1927-1928,
L'Esprit, le soi et la société, ouvrage posthume publié en 1934, est
l'un des grands classiques de philosophie et de sciences sociales.
S'inscrivant dans la tradition pragmatiste, Mead veut avant
tout remettre la cognition dans la conduite, et restituer à la nature
une partie de ce qui a été mis indûment dans l'esprit. Le soi,
l'esprit et la société sont impensables hors de leur évolution
naturelle. En outre, chez Mead, le principe social est toujours
premier. L'émergence du soi, à travers ses interactions avec le je et
le moi, et l'émergence de l'esprit, requièrent l'appartenance à une
société. Ce principe social s'étend même à la manipulation des
objets physiques, à travers laquelle les agents sociaux constituent
les dimensions du temps, - ainsi que leurs outils et leurs symboles.
En retour, l'apparition du soi et de l'esprit permet que se
développent de nouvelles formes, plus complexes, de vie sociale.
Cette nouvelle traduction, suivie de l'article fondateur «Genèse
du soi et contrôle social», est introduite par une présentation de
Daniel Cefaï et de Louis Quéré qui fait le point sur les études
meadiennes. Elle propose une lecture originale de l'ouvrage en
termes de béhaviorisme social et en montre toute la portée pour
les sciences cognitives, la psychologie et la sociologie. Elle donne
également de précieuses informations sur l'engagement concret
de Mead dans divers mouvements d'éducation et de réforme
sociale, qui ont nourri sa réflexion éthique et politique. Elle
discute enfin son héritage en sciences sociales aux États-Unis, en
particulier dans l'École de sociologie de Chicago et dans
l'interactionnisme symbolique.